C’est avec un plaisir immense que nous avons accueilli cinq jeunes Rifains au Pays Basque, du 11 au 18 septembre. Un musicien, deux journalistes, une actrice et une traductrice, actives et actifs au sein de la revitalisation linguistique de l’Amazigh du Rif (nord-est du Maroc) ont visité pendant une semaine diverses structures liées à l’euskara, avant de se consacrer à une réflexion concernant le futur de leur communauté linguistique. Deux enseignantes devaient aussi nous rejoindre, avant de renoncer suite à une interdiction de quitter le royaume du Maroc.
Fruit de la collaboration entre les associations Plazara et Garabide, ce séjour nous a permis de profiter d’entretiens enrichissants durant différentes étapes : Arantzola, Kanaldude, AEK, service politique linguistique de la mairie d’Urrugne, visite alternative des rues de Bayonne avec Jakes Borthairu, Biriatuko ikastola, Antxeta Irratia, EHZ, et l’association de traducteurs EIZIE. Lors des différentes visites, nous avons privilégié des entretiens informels afin d’en apprendre d’avantage des uns des autres, s’inspirer mutuellement, et essayer de s’atteler à un futur commun, où se conjugueraient nos luttes et nos rêves.
Inspiration commune
Dans le Rif, des communes et villes entières vivent en langue amazighe, qui est omniprésente oralement à travers les places et les rues. Malgré cela, et même si la langue est officielle au Maroc, elle n’a que très peu de place à l’école, l’administration voire le monde du travail. Un peu plus dans les médias, mais les Rifains sont actifs dans les réseaux sociaux pour donner une plus grande ampleur à l’usage de l’amazigh, jusqu’à toucher leur diaspora européenne, qui s’avère de plus en plus stratégique afin de créer un nouvel élan, voire de nouveau outils, concernant leur revitalisation linguistique.
C’est en cela que ce séjour en Euskal Herri a aussi été inspirant pour les Rifains: nous avons créé et développé des outils fondamentaux à la revitalisation de l’euskara par nous-mêmes, en nous basant avant tout sur un élan populaire. Cette philosophie s’avérera tout aussi stratégique concernant le futur amazigh : c’est l’une des idées principales qui a découlé de la réflexion en fin de séjour, guidée en amazigh par le professeur Mustapha El Adak.
Concernant Plazara et Garabide, nous espérons désormais consolider un travail de coopération avec les Rifains, en attendant une nouvelle visite courant octobre : une délégation de communautés linguistiques autochtones d’Amérique du Sud sera présente pour un mois en Euskal Herri. Cela nous permettra de réfléchir collectivement au monde que les communautés linguistiques en revitalisation avons à offrir demain, et ce dès aujourd’hui !
Lire en amazigh :
Xemsa n wussan jar idurar n Ibaskuten